Robert Piéchaud

The River

Quintette à vent avec voix

D’après Henry David Thoreau

Membres de l’ensemble l’Instant donné - Voix : Jill A. McCoy

Live Festival d’Automne à Paris, 17 octobre 2016 (création française)
Théâtre des Bouffes du Nord

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    À la suite de ma pièce pour piano solo Still (2013), hommage à l’artiste de land art Robert Smithson faisant partie du diptyque earthbeats, je me suis intéressé à l’écrivain américain Henry David Thoreau, pas tant d’ailleurs pour son côté écologiste et militant avant la lettre que pour la capacité extraordinaire d’évocation de sa prose poétique.

    Son livre A Week on the Concord and Merrimack Rivers, souvenirs d’un voyage en barque avec son frère sur les méandres de rivières de la Nouvelle Angleterre, m’a particulièrement touché par ses descriptions de mouvements infinitésimaux de la Nature et de l’âme la contemplant. Par ailleurs, le projet d’un quintette à vent était chez moi ancien et la possibilité de le réaliser à partir de ce matériau humaniste, poétique et naturaliste, mais en terre d’Islande, contrée aux aspects telluriques si forts, m’est apparue comme une très belle combinatoire. La forme du quintette ne suit pas le récit de Thoreau à la lettre, mais construit sa propre logique sonore et poétique, en écho, en résonance. Dans l’épisode central, intutilé Night Birds (Thoreau’s Nightmare), je me suis figuré le trop « saint » auteur de Walden passant une fort mauvaise nuit, en proie à d’inavouables démons que peu à peu dissipent les brouillards au point du jour...

    La conclusion vocale du quintette, sur un poème de Thoreau, est un clin d’œil au 2ème quatuor de Schönberg – lui aussi avec voix à la fin, ou encore à la Concord Sonata de Charles Ives, sonate a priori pour piano seul dans laquelle le dernier mouvement, intitulé justement Thoreau, fait apparaître une partie de flûte ad lib. totalement inattendue. On y reconnaîtra aussi une évocation « ornithologique » du 3ème mouvement de la 4ème symphonie de Sibelius…

    The River a été créé en janvier 2016 par le quintette Kalaïs (membres de l'Orchestre Symphonique d’Islande) et Jill A. McCoy, à l’occasion du festival Dark Music Days de Reykjavík.


    R.P.


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